Les étapes marquantes avant l’achat et l’emménagement sur le voilier

Les étapes marquantes avant l’achat et l’emménagement sur le voilier

Il y a 10 jours, nous avons rendu les clés de notre appartement de Lille et nous n’avons aujourd’hui plus d’autre logement que notre voilier : Kerguelen. Après avoir quitté nos boulots fin avril, cela marque un nouveau tournant dans notre projet de tour du monde en voilier. Nous avons en effet passé les dernières semaines à vider nos appartements respectifs à Lille et à Paris, à vendre une bonne partie de ce qu’on possédait, et à emménager à bord. Nous y avions déjà passé un certain temps donc ça ne paraît pas trop inhabituel pour le moment, mais il y a cependant une différence de taille : nous n’avons plus d’échappatoire.

Cela fait maintenant deux ans que nous travaillons à ce projet et, même si nous en rêvions, nous étions loin de parvenir à nous projeter à bord de notre voilier lorsque tout a commencé. Que de chemin parcouru ! Et puisque partager cette aventure au travers du blog nous permet également de célébrer les moments importants avec vous, nous avons décidé de revenir sur les étapes marquantes avant l’achat et l’emménagement sur le voilier.

29 juin 2017

Merci YouTube !​

Nous avons toujours aimé voyagé, seulement nous le faisions principalement en avion ou en train, et en utilisant nos jours de congé. Nous parlions de faire un voyage au long cours depuis près de cinq ans déjà, mais nous n’avions jamais sauté le pas. Il nous manquait un truc… Jusqu’au 29 juin 2017, jour où YouTube a recommandé une vidéo de voyage en voilier à Jérémy. Il a tout de suite été séduit et m’a envoyé un email des plus explicites.

Sailing Kerguelen début genèse

D’abord freinée par la peur de l’inconnu (et mon mal de mer), j’ai rapidement accepté de prendre un cours de voile « juste pour voir ».

Très rapidement, Jérémy a contacté les différents centres de voile de la région et notre premier cours s’est déroulé à Boulogne-sur-Mer. Je ne savais pas à quoi m’attendre, j’avais peur d’avoir le mal de mer, et je me sentais totalement ignorante (et je l’étais!).

Mais dès que nous avons coupé le moteur et que nous nous sommes déplacés grâce au vent dans les voiles, ça a été une révélation. Je suis immédiatement tombée sous le charme ! J’ai ressenti un mélange de sérénité, de plénitude et de liberté, l’instant présent étant la seule chose importante. Et une conviction nouvelle, celle d’être exactement où je suis supposée être. Un regard vers Jérémy m’a confirmé qu’il ressentait la même chose. Sans le savoir, on posait les premières pierres de cette folle aventure.

26 août 2017​

Premier cours de voile​​

6 septembre 2017

On se forme

Suite à ce premier cours de voile, nous décidons de nous inscrire dans un club de voile et de prendre des cours de navigation régulièrement. Les allers-retours hebdomadaires vers Boulogne-sur-Mer nous paraissent un peu lourds à gérer en plus de nos trajets Lille/Paris, donc nous nous rapprochons du Centre Régional de Voile (CRV) situé à Dunkerque. Dès les premiers contacts, et même après leur avoir fait part de notre projet de tour du monde en voilier, on se sent pris au sérieux. On décide donc de nous engager pour 5 demi-journées de cours sur des J80 dans un premier temps. Et même si ces cours laissent des traces (oui, ce sont bien mes jambes couvertes de bleus… et Jérémy n’y est pour rien), on en redemande ! Nous renouvelons donc régulièrement le nombre de séances, de sorte à prendre des cours presque tous les samedis entre septembre et mi-novembre 2017.

On vous prépare prochainement un article détaillé sur la manière dont on a appris à faire de la voile, mais on peut déjà vous dire qu’on s’est senti hyper bien accompagnés et conseillés tout au long de notre apprentissage, et ce jusqu’à aujourd’hui, par chacun des moniteurs du CRV.

Fin octobre, nous embarquons à bord d’un voilier habitable (un Oceanis 37 sensiblement similaire à notre voilier Kerguelen) pour la première fois. La mer est relativement formée et le moniteur nous encourage à plusieurs reprises à manger quelque chose avant d’embarquer. « Non merci, on a pris un petit déj’ il y a une heure. » , naïfs que nous étions. Trente minutes après avoir quitté le port, je nourrissais les poissons et je regrettais amèrement de ne pas avoir compris ce qui se cachait derrière l’insistance de notre moniteur. Quelques heures plus tard, je souffrais toujours du mal de mer et je n’attendais qu’une chose : qu’on rentre au port. J’ai fini la journée allongée dans le cockpit les yeux fermés, sans quoi je risquais à nouveau passer la tête par-dessus bord alors que mon estomac était vide depuis bien longtemps.

Autant vous dire que je ne garde pas un bon souvenir de notre première sortie en habitable. Et pourtant… Le jour même, nous confirmons notre participation à une croisière à bord de ce même voilier le temps d’un week-end deux semaines plus tard.

28 octobre 2017

Vous avez dit mal de mer ?

2 décembre 2017

Retour sur les bancs de l'école

Après avoir pris des cours pratiques de navigation durant plusieurs mois, on s’inscrit aux cours théoriques proposés chaque hiver par le CRV. Au programme : 6 samedis matins dédiés à des thèmes tels que la météo, les courants et marées, et la lecture de cartes papier et le traçage de routes sur celles-ci. Là encore, tout est nouveau pour nous, et c’est précisément ce qui nous motive à nous lever à 6h30 six samedis en plein hiver.

Notre envie de partir en tour du monde en voilier est déjà bien ancrée, et on sait qu’appréhender ces différents éléments est clé pour nous lancer dans cette aventure. On souhaite ne pas être dépendants de l’électronique à bord et être en mesure de nous situer et de tracer notre route sur une carte, et planifier notre navigation selon les conditions météo, les courants et les marées de la zone dans laquelle on se trouvera.

Début 2018, les journées sont courtes, le temps est maussade, et on est en manque de navigation. « Juste comme ça », on commence à repérer des modèles de voilier sur Le Bon Coin et on crée une carte avec la localisation de ceux qui pourraient nous intéresser un jour.

Ces recherches nous donnent une idée de budget à investir dans l’achat d’un voilier entre 34 et 40 pieds (environ de 10,5 à 12 mètres de long) mais nous permettent surtout d’affiner les critères de choix qui nous paraissent importants : une grand-voile à hisser et non pas sur enrouleur, une hauteur sous barrot (= hauteur « sous plafond ») permettant à Jérémy de se tenir droit dans le voilier (il mesure 1.97m), et un voilier en relativement bon état et ne nécessitant que quelques aménagements adaptés à notre projet.

21 janvier 2018

On se prend à rêver

1 mai 2018

Stage d'une semaine sur J80

Les samedis passés sur J80 nous plaisent toujours, mais on a l’impression de ne plus apprendre autant qu’on le souhaiterait. Il faut dire que chaque demi-journée, les groupes partant en navigation sont formés selon les participants du jour, et donc assez hétérogènes. Il y a ceux qui s’y connaissent bien et qui aident les petits nouveaux, il y a ceux qui s’y connaissent et qui veulent se perfectionner, il y a les petits nouveaux qui ne comprennent pas trop ce qui leur arrivent, il y a les petits nouveaux motivés qui veulent apprendre mais qui ne comprennent pas tout ce qui se passe… Et au milieu de tout ça, il y a nous.

On décide donc de nous inscrire à un stage d’une semaine, toujours au CRV. Les avantages : on navigue matin et après-midi pendant une semaine, on est quatre personnes d’un niveau similaire à bord, le groupe reste inchangé toute la semaine, et on prépare chaque sortie de port en réfléchissant aux courants, marées, et vents. L’objectif est d’accélérer notre apprentissage bien sûr, mais aussi d’évaluer notre niveau d’autonomie au terme de cette semaine. 

Suite au stage d’une semaine à bord d’un J80, le discours de nos moniteurs de voile est clair : ils seront ravis de continuer à nous accueillir les samedis pour faire des ronds devant Dunkerque, mais ils nous encouragent à acheter notre propre voilier, quitte à prendre des cours particuliers à son bord.

Nous nous lançons donc à la recherche du voilier sur lequel nous continuerons notre apprentissage avant de partir à l’aventure. Et là à nouveau, Le Bon Coin est notre allié et la carte créée en janvier s’étoffe avec de nouvelles annonces. Au total, nous contactons 8 propriétaires ou brokers (= intermédiaires facilitant la vente d’un bateau) mettant chacun en vente un voilier entre 32 et 37 pieds (environ de 9,5 à 11,5 mètres de long), publié avec un prix de vente entre 42.000 et 65.000 euros.

5 mai 2018

à la recherche du voilier idéal

19 mai 2018

Vive la Bretagne

On profite du week-end de la Pentecôte pour visiter différents voiliers situés le long de la côte entre Granville et Les Sables-d’Olonne. Lille > Paris > Granville > Brest > Les Sables-d’Olonne > Paris > Lille. Au total, on parcourt près de 2.000 kilomètres et on passe 22 heures dans notre petite Chevrolet Spark.

Bilan : la hauteur sous barrot devient le point numéro 1 dans notre liste de critères de décision. Et, de façon assez surprenante, ça n’est pas spécialement dans les voiliers les plus longs que la hauteur sous barrot est la plus élevée. Nous avons en effet visité un Bavaria 37 dans lequel même moi, du haut de mon mètre 69, je ne parvenais pas à me tenir droite dans la salle d’eau… Impossible de s’imaginer vivre à bord dans ces conditions, et ce même si les fauteuils individuels du carré nous avaient séduits.

Ce week-end intensif nous laisse quelque peu sonnés. Je nous revois dans un fastfood après la dernière visite et avant de reprendre la route vers Paris. A ce moment-là, nous ne sommes plus dans l’action, et les émotions montent. Il y a d’un côté une excitation sans nom parce qu’on touche du doigt un rêve un peu fou. Cette impatience et cette euphorie caractéristiques des moments qui changent le cours d’une vie. Et de l’autre, il y a le sentiment d’être dépassée par ce qui vient de se passer mêlé à un peu d’appréhension. Jérémy s’attable avec son plateau chargé de burgers, et j’ai les larmes aux yeux. Et si on osait se lancer ? Car parmi les voiliers visités se trouvent deux Bénéteau Oceanis 343, dont celui qui deviendra notre maison, et ils répondent à tous les critères de choix importants qu’on s’était fixés.

Ce noeud d’émotions n’est pas simple à gérer et pourtant, on ne prend que quelques jours avant de faire une proposition d’achat sur l’un des deux Oceanis 343. Proposition qui sera acceptée assez rapidement par le propriétaire de Kerguelen. Notre potentiel futur voilier se trouve à Brest.

23 mai 2018

On fait une proposition d'achat

18 juin 2018

Expert à bord

La proposition d’achat que nous faisons est sous réserve d’une expertise concluante. Similaire au contrôle technique d’une voiture qui en garantit l’état à un moment T, il est d’usage que les acheteurs fassent appel à un expert afin d’obtenir un avis professionnel et impartial de l’état du voilier sur lequel ils ont jeté leur dévolu. Enfin, sauf s’ils se sentent capables d’en constater l’état eux-mêmes. Ce qui n’est bien sûr pas notre cas. On vous expliquera d’ailleurs dans un prochain article comment bien choisir son expert. Nous en mandatons donc un et nous le rejoignons à Brest le 18 juin afin de passer la journée à bord et sous Kerguelen et d’en inspecter chaque recoin.

L’expert retourne littéralement le voilier, monte au mât, inspecte la quille, met les mains dans le moteur, … On le suit, à l’affût du moindre indice nous confortant ou non dans notre choix. A la fin de la journée, il nous livre ses premières conclusions : il a quelques réserves mineures quant à la grand-voile notamment, mais son avis est globalement positif. Le voilier est sain, en bon état, et le moteur semble avoir été bien entretenu. Quoi de mieux que cette bonne nouvelle comme cadeau d’anniversaire ? Dix jours plus tard, nous recevons son rapport officiel ainsi que les résultats d’analyse de l’huile moteur. Il n’y a aucune mauvaise surprise, et nous confirmons notre intention d’achat.

21 juillet, jour de la fête nationale belge. 21 juillet 2018, jour de fête tout court. Nous nous rendons une énième fois à Brest et nous nous installons dans le carré en compagnie du broker avec lequel nous avons été en contact jusqu’à maintenant et le propriétaire actuel de Kerguelen que nous rencontrons pour la première fois. Le moment est solennel. Etablissement de documents officiels, signature des différentes parties, transfert de propriété, réception des clés de notre nouveau chez-nous. En moins d’une heure, nous devenons officiellement propriétaires pour la première fois.

On s’installe en terrasse le long du port avec l’ex-propriétaire pour échanger autour d’un verre. On en apprend davantage sur l’histoire du voilier et de celui qui vient de nous donner « ses » clés. On reprend ensuite la direction du ponton où Kerguelen est amarré, seuls cette fois. On en a le tournis. Il est vraiment à nous ce voilier ? Après avoir dûment fêté notre achat en y prenant le premier apéro d’une longue série, nous installons nos sacs de couchage et dormons à bord d’un voilier -de notre voilier- pour la première fois.

21 juillet 2018

Nous devenons propriétaires !

5 août 2018

Cap vers Dunkerque

Maintenant que nous sommes propriétaires, une question de taille se pose : comment ramener notre voilier de Brest à Dunkerque ? En naviguant bien sûr, mais on ne se sent pas capables de le faire seuls. Ce serait quand même dommage de l’échouer ou de l’endommager dès la première sortie… On fait donc appel à Aymeric, l’un des moniteurs du CRV, qui accepte de nous accompagner dans cette remontée.

Le 5 août à 5h30, nous quittons le port du Moulin Blanc de Brest en direction de Dunkerque. Il s’agit de notre première navigation sur plusieurs jours et, quelques heures après le départ, nous découvrons émerveillés une dizaine de dauphins jouant autour de Kerguelen. S’il nous fallait une confirmation que nous avions fait le bon choix, elle était là. Nous sentant à l’aise et attentifs à notre environnement, Aymeric nous propose de ne pas nous arrêter dans un port et de faire une nuit de navigation. Jérémy est emballé bien sûr, alors que moi je commence à ressentir l’effet vaseux du mal de mer.

Qu’à cela ne tienne ! Nous enchaînons les quarts : pendant que l’un dort, l’autre est à la barre dans le cockpit et reste vigilent. Aymeric est quant à lui en mode « navigation en solitaire » : il dort 10 à 20 minutes, se réveille pour s’assurer que tout va bien et que les voiles sont toujours bien réglées, se rendort pour une quinzaine de minutes, et ainsi de suite.

J’ai probablement hérité du meilleur quart pour une première nuit de navigation. Il est 2h, je me dirige vers le cockpit en luttant contre le sommeil. Il fait nuit noire et je me demande ce que je suis supposée observer dans ces conditions. Après une vingtaine de minutes, Aymeric se redresse dans le cockpit : « Il y a des dauphins ! ». Je me dis que la fatigue lui fait avoir des hallucinations mais il m’encourage à me pencher par-dessus bord. Et là, quel spectacle ! Des dauphins de nuit ! On ne distingue rien d’autre qu’une multitude de traits gris dans l’eau, un peu comme un tracé rapide de craie sur un tableau noir, et le clapotis de l’eau qui accompagne leurs mouvements. Magique. C’est bon, je suis complètement éveillée, plus besoin de lutter. Moins d’une heure plus tard, la lune -rousse cette nuit-là- se lève enfin, offrant un spectacle magistral au-dessus de la Manche. Le quart de Jérémy est quant à lui plus calme, même s’il a observé des feux d’artifice le long de la côte.

Après un arrêt de près de 24h à Cherbourg, la seconde nuit de navigation est plus mouvementée. Jérémy a d’ailleurs barré et surfé sur une houle de plus de 4 mètres pour la première fois. « On se serait cru dans les 40èmes » s’exclame Jérémy. Ça fait beaucoup rire Aymeric. Nous arrivons finalement à Dunkerque le 8 août vers 15h, après avoir parcouru quelques centaines de milles nautiques, enchantés de ce que nous venons de vivre.

Cela fait déjà un an que nous avons ce projet de tour du monde en voilier mais nous n’en avons absolument pas parlé à nos proches. Ils n’ont même aucune idée que nous avons pris des cours de voile presque chaque week-end.

Vous vous demandez certainement pourquoi nous n’en avons pas parlé… Même si nos familles savent que nous adorons voyager et partir à l’aventure, nous avions conscience que ce projet représentait un changement drastique qui peut faire peur. Nous savions qu’ils auraient une tonne de questions. Et nous voulions être prêts à y répondre et suffisamment avancés dans le projet pour ne pas être découragés ou effrayés face à leurs doutes ou craintes potentiels. Nous avions donc convenus assez tôt de n’en parler qu’après avoir acheté un voilier.

Et c’est maintenant chose faite… Donc, comment faire ? Leur dire lors d’un repas de famille qu’on a quelque chose à leur annoncer ? Impossible, à tous les coups ils vont croire qu’on se marie ou qu’on attend un bébé. Les faire venir à bord ? Pas réaliste à court terme pour la grande majorité des gens.

Bon… Ils ne nous laissent pas vraiment le choix. « Papa, maman, vous venez dans le salon ? ». Ils arrivent dans la pièce et remarquent immédiatement l’appareil photo sur le trépied dont l’objectif est tourné vers le canapé. Ils s’installent et on lance la vidéo qu’on leur a concoctée. Assez rapidement, ils comprennent qu’on se lance dans quelque chose de dingue. « Mais, vous savez faire de la voile ?! ». Il y a des regards qui brillent d’excitation, d’autres remplis de questions ou d’appréhension. Mais c’est bon, nous sommes prêts.

Oui, la vidéo d’annonce à nos parents et leurs réactions feront l’objet d’un épisode sur notre chaîne YouTube une fois qu’on s’y sera mis sérieusement.

10 août 2018

On annonce le projet à nos proches

18 août 2018

On fait des ronds dans le port

Depuis dix jours, notre voilier est au Bassin du Commerce de Dunkerque, et il est grand temps d’apprendre à le manoeuvrer dans le port. Un peu comme lorsqu’on apprenait à conduire une voiture il y a plus de 15 ans, on a l’impression d’avoir un 38 tonnes entre les mains et d’avoir besoin de la place de République pour faire la moindre manoeuvre. Nous décidons donc de prendre un cours particulier avec le CRV à bord de Kerguelen.

On passe la matinée à faire des ronds dans le port, accostant à différents emplacements, apprenant à faire du sur-place, des demi-tours et des coups de fouet, nous familiarisant avec notre pas d’hélice et réalisant que les réflexes que nous avons pris au cours de nos années de conduite ne sont absolument pas transposables à la manoeuvre d’un voilier au moteur.

Rapidement, la mer nous manque et nous trépignons : depuis que nous sommes arrivés de Brest, nous ne sommes pas ressortis naviguer. Nous décidons de nous lancer. Première étape : on prend connaissance du courant, de la marée, et de la météo, et on planifie notre route sur cette base et en tenant compte des horaires de l’écluse. Deuxième étape : on appelle à la radio le port de Dunkerque pour les informer de notre sortie du Bassin du Commerce. Troisième étape : on se met d’accord sur la meilleure manière de larguer les amarres. Quatrième étape, et potentiellement la plus importante de toutes : on passe l’écluse. Et je peux vous dire qu’on a failli y laisser notre couple !

Mais ensuite… Quel bonheur de couper le moteur, hisser la grand-voile et profiter de l’instant. On navigue sur notre voilier bordel ! Les conditions sont idéales et on a le sourire. Petite fierté : nous sommes revenus à Dunkerque une quinzaine de minutes avant l’écluse que nous avions prévu de prendre. Pas mal comme estimation pour une première fois !

1 septembre 2018

Première navigation à deux

12 septembre 2018

Un léger contre-temps...

Depuis que nous avons amené Kerguelen à Dunkerque, nous y passons tous nos week-ends. Nous avons d’ailleurs prévu de prendre congé certains vendredis et/ou lundis afin de naviguer sur quelques jours plutôt qu’à la journée jusque début novembre. Mais ça, c’était sans compter un léger contre-temps…

Un peu avant mi-septembre, je me suis fracturé le pied droit. Conséquence : 5 semaines de plâtre suivies de 5 semaines d’attelle avant de commencer la rééducation chez un kiné. Entre novembre et mars, j’ai suivi deux séances de rééducation d’une heure chacune chaque semaine. Avant mi-janvier, je ne parvenais pas à me déplacer d’une manière presque fluide. Avant fin février, j’étais incapable de conduire plus de 10 minutes sans avoir une rigidité douloureuse au niveau de la cheville. Autant dire que ça a quelque peu changé nos plans… Et même si Jérémy a tenté de négocier des navigations sans moi à bord de notre voilier ou des demi-journées sur J80 durant ce laps de temps, cet évènement a marqué la fin de la saison de navigation pour nous.

Mi-décembre, après avoir rencontrés différents professionnels au Salon du Nautic de Paris, nous décidons de préparer notre voilier pour l’hiver. Au programme : on retire les voiles pour les stocker dans notre appartement, on vide les cuves d’eau potable, on hiverne le moteur, on protège nos batteries contre le froid. Au cours de l’opération, on confirme que notre grand-voile actuelle est plus que fatiguée et la remplacer devient notre priorité numéro une.

Notez qu’au moment de la rédaction de cet article, nous sommes toujours dans la phase de discussions avec différents fabricants. Oui, ça devient urgent. Et oui, on a un peu traîné…

15 décembre 2018​

Hivernage

12 janvier 2019​

Piqûre de rappel

Même si nous avons déjà suivi les cours théoriques proposés par le CRV durant l’hiver dernier, cela fait un an que nous n’avons pas tracé de route sur une carte. Maintenant que nous avons notre voilier, on estime qu’une piqûre de rappel sur les fondamentaux de la lecture de carte ne ferait pas de mal. On s’inscrit donc aux trois samedis matin sur ce thème.

Finalement, les principes théoriques reviennent rapidement en mémoire et nous nous sentons à l’aise dans les exercices pratiques. Au point même de répondre aux questions de certains autres étudiants d’un jour. Et ça, mine de rien, ça nous surprend et ça nous rassure.

Notre dernier jour de boulot est arrivé et il temps de dire au revoir à nos collègues non sans un pincement au coeur. Trois mois plus tôt, nous avons officiellement démissionné de nos jobs respectifs. On aimait nos boulots et nos équipes, et il n’est jamais facile de quitter sa zone de confort pour l’inconnu. La journée est chargée d’émotions et de dernières fois. La dernière fois qu’on passe les portes du bâtiment avec notre badge employé, le dernier lunch avec les collègues, la dernière fois qu’on prend l’ascenseur, la dernière fois qu’on profite de la vue du dernier étage, la dernière fois qu’on dit au revoir à la réception.

On décide de passer la soirée en compagnie de copains voyageurs et d’immortaliser ce moment. Car même si nous ne nous en rendons pas totalement compte à ce moment-là, le reste de notre vie commence maintenant.

26 avril 2019​

Le premier jour du reste de notre vie

14 mai 2019​

Bye bye petit appart

Nos boulots étant maintenant derrière nous, notre dernière attache terrestre est notre appartement situé à Lille. Nous avons passé les dernières semaines voire même les derniers mois à progressivement vider nos apparts respectifs, Jérémy à Paris et moi à Lille. Les clés de Paris ont été rendues le 19 avril, mais nous avons décidé de garder l’appart de Lille près d’un mois de plus. D’abord parce que nous voulions avoir le temps d’organiser notre emménagement à bord de Kerguelen, de vendre un maximum de choses, et de stocker le reste chez nos proches. Mais aussi parce que cela fait 8 ans que nous occupons cet appart. Et le vider génère immanquablement son lot d’émotions à gérer.

L’état des lieux est fait, nous avons rendu les clefs. Nous claquons la porte, il n’y a plus de retour en arrière possible. On enlève nos noms de l’interphone, on pose un dernier regard sur les fenêtres de cet appartement dans lequel nous avons emménagé ensemble il y a huit ans maintenant. On se met en route, pour un aller simple cette fois-ci : direction le bassin du Commerce à Dunkerque.

La première page de notre nouvelle vie reste à écrire

15 mai 2019

Une nouvelle vie

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Retour sur deux années de préparation avant notre emménagement sur Kerguelen
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8 réponses

  1. Bravo pour ce courage de réaliser vos rêves ! Bravo aussi d’avoir réussi à me faire lire ce bel article, avec un rythme bien choisi, moi qui ne lis pas grand chose… J’attends la suite avec impatience !

  2. J’ai lu votre article du fond de mon hamac sur une île au Brésil, à quelques semaines de la fin de mon premier long voyage. Depuis quelques temps je me prête à rêver d’un voyage en voilier et votre article est top même s’il m’a fait peur tellement les étapes à passer me semblent compliquées ?
    Belle route à vous !

    1. Salut Perrine ! En fait sur le moment, comme on avance petit à petit, on ne se rend pas forcément compte de ce qu’on réussit à faire. Mais c’est vrai qu’après coup on se dit que c’est énorme ! Ne baisse pas les bras, si on peut le faire tout le monde peut le faire 🙂

  3. Excellent article ! Votre volonté n’a d’égale que votre générosité de partager votre expérience. Je suis admiratif à la fois de votre projet et de votre parcours. C’est sérieux, progressifs et fait avec humilité. Et si c’était cela les ingrédients de la réussite ? Tous mes vœux de réussite et bien sûr dorénavant je me glisse dans vos liens pour vivre la suite à distance en attendant le moment pour moi ?. Grand grand merci ?

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Nous sommes Gaëlle et Jérémy, un couple de trentenaires et nous avons tout quitté pour vivre à temps plein sur notre voilier Kerguelen.

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