On a traversé la Manche en voilier pour la première fois !

On a traversé la Manche en voilier pour la première fois !

Cet été, nous avons décidé de nous lancer dans notre premier voyage de plusieurs semaines à bord de Kerguelen. Le 12 août 2019, nous avons donc largué les amarres pour traverser la Manche, direction le Royaume-Uni avec pour objectif de remonter la côte est jusqu’en Ecosse, traverser le Canal Calédonien au départ d’Inverness, ressortir sur la côte ouest à Fort Williams, explorer différents lochs, découvrir la Mer d’Irlande et revenir vers Dunkerque après avoir longé la côte sud de l’Angleterre avec les îles Scilly et l’île de Wight. Un programme hyper excitant qui commence par un premier défi : traverser la Manche en voilier.

Si nous naviguons maintenant depuis plus de deux ans (cours de voile inclus), nous avons surtout exploré la côte entre Calais et Nieuwpoort (Belgique). La navigation la plus longue que nous ayons faite était pour le convoyage de Kerguelen de Brest à Dunkerque, et nous avions un skipper à bord. Et non, nous n’avons jamais fait cap vers l’Angleterre, que ce soit lors de nos cours avec le Centre Régional de Voile de Dunkerque ou à bord de notre voilier.

Mais il y a une première fois à tout, non ?

Nous partageons dans cet article le récit de notre première traversée de la Manche à bord de Kerguelen ainsi que nos conseils d’itinéraire et de préparation pour traverser la Manche en voilier.

Récit de notre traversée de la Manche

Traversée de la Manche : Première tentative ratée

Je vous épargne un suspense insoutenable : notre première tentative pour traverser la Manche en voilier s’est soldée par un échec. Tout avait pourtant bien commencé…

8h30 - On quitte le Bassin du Commerce vers l'écluse Trystram

Kerguelen est amarré au Bassin du Commerce. Cela veut dire que nous devons passer 3 ponts et une écluse avant d’atteindre le chenal d’entrée et de sortie du port de Dunkerque. Le processus prend environ 45 minutes et les ouvertures de ponts se font selon des horaires fixes. Nous profitons donc de l’ouverture de 8h30 pour larguer les amarres. Une heure plus tard, nous sommes au pied du feu de Saint-Pol, à la sortie du chenal devant Dunkerque, et nous débutons notre itinéraire vers Ramsgate.

9h30 - On sort du chenal du port de Dunkerque

Note : toutes les coordonnées GPS de cet article sont cliquables afin que vous puissiez voir où nous nous trouvions sur une carte.

- Cap au 267°
- 15 noeuds de vent
- 2 personnes à bord
- Grand ciel bleu (pour le moment...)

La particularité d’une navigation devant Dunkerque, c’est qu’il faut être extrêmement vigilant vis-à-vis des bancs de sable et des épaves omniprésents. Impossible donc de tracer une ligne droite dès la sortie du port vers l’Angleterre. Après avoir longé la côte vers le sud-ouest, deux options sont possibles. Soit vous bifurquez entre les bancs de sable « Snouw » et « Braek » puis vous vous montrez prudent autour du banc « Breedt » avant d’attaquer votre traversée de la Manche. Soit vous longez la côte jusqu’au Port Ouest de Dunkerque voire même jusque Gravelines pour ensuite faire cap vers les côtes anglaises sans être inquiété par un quelconque banc de sable ou presque.

Nous optons pour la première option. Pourquoi ? Aujourd’hui, la pleine mer ou haute mer est à 11h48 et à ce moment-là, les eaux seront plus profondes de 5 mètres que ce qui est indiqué sur les cartes. A 9h30, la marée monte. Nous faisons donc dans un premier temps cap au 267° puis nous décidons de bifurquer entre le Snouw et le Braek. En route vers l’Angleterre !

Le long des côtes
Le long des côtes

10h20 - On débute la traversée de la Manche entre les bancs de sable

- Cap au 300°
- 15 noeuds de vent
- Vitesse de 2.5 noeuds
- Mer calme

Malgré la mer calme, la navigation est laborieuse. Nous avons un courant important contre nous, et nous avançons lentement. Mais les voiles sont sorties, le ciel est dégagé, et la journée s’annonce agréable donc on n’est pas à plaindre.

11h40 - On réduit la surface de voile

Moins d’une heure et demie plus tard, les conditions changent très rapidement. Le vent forcit et atteint 23 noeuds en l’espace de 5 minutes et la mer devient formée. Nous décidons de réduire de deux tiers la surface de notre grand-voile en prenant deux ris et de garder notre voile d’avant telle quelle pour le moment puisque notre solent, une voile de taille intermédiaire, est en place.

12h00 - On joue la sécurité et on se fait une frayeur

- 28 noeuds de vent
- Affalage des voiles
- Moteur allumé
- Premier vomi

A midi, soit à peine 20 minutes après qu’on ait réduit la surface de voile, nous décidons d’affaler la grand-voile, d’enrouler le solent et d’allumer le moteur. Le vent souffle maintenant à 28 noeuds d’une manière constante et il pleut comme vache qui pisse. Même s’il est tout à fait possible de naviguer en sécurité quand le vent souffle à 50 km/h, nous sentons que Kerguelen est moins facilement manœuvrant. Nous décidons donc de jouer la sécurité le temps que le front passe. Car il ne faut pas oublier qu’il s’agit de notre première traversée de la Manche et que nous sommes en dehors de notre zone de confort. Avec le recul que nous avons aujourd’hui, nous aurions pu uniquement affaler notre grand-voile et continuer à naviguer avec notre solent.

Quoi qu’il en soit, nous rentrons toutes nos voiles pour continuer au moteur. Au milieu de la manœuvre, je me sens soudainement très mal et me précipite à l’arrière du cockpit pour vomir. Ce n’est pas aujourd’hui que mon mal de mer me laissera tranquille. Mais ça n’est pas le pire…

Depuis notre départ de Dunkerque, notre sondeur affiche une profondeur entre 10 et 15 mètres. Mais entre les bancs de sable et dans le périmètre d’une épave qui est notée à une profondeur de 15 mètres sur les cartes, l’affichage de la profondeur ur la console de navigation passe de 10 mètres à 5 mètres, puis 3 mètres, 1 mètre… 80 centimètres… Nos cartes électroniques et papier indiquent pourtant une profondeur d’une dizaine de mètres à cet endroit. Panique à bord ! Nous virons immédiatement de bord et nous tournons autour de la zone en question pendant un bon moment afin de comprendre ce qu’il se passe.

Nous n’avons toujours pas résolu le mystère à ce jour. Nous avons évidemment vérifié les branchements et connecteurs du sondeur une fois au port et tout semblait en bon état de fonctionnement. Aujourd’hui, nous savons être passés au-dessus d’une épave et donc très probablement au milieu d’un gros banc de poissons qui a été capté par le sondeur quelques instants. Ça peut également être la faute à des algues qui se seraient prises dans le speedo qui se situe juste à côté du sondeur.

On a un problème sur Kergelen

12h30 - On décide de ne pas traverser la Manche aujourd'hui

Après cette frayeur, nous prenons le temps d’analyser la situation. Notre objectif du jour est de traverser la Manche. Mais nous avons perdu beaucoup de temps à tourner en rond pour rien, nous sommes au moteur car le vent ne faiblit pas, et le ciel devient sérieusement menaçant. Nous ne voulons pas risquer d’arriver de nuit à Ramsgate puisque, rappelons-le, nous ne nous sommes pas très souvent aventurés dans un autre port que celui de Dunkerque. Ce n’est pas dans ces conditions que nous avons envie de traverser la Manche. A 12h30, nous décidons donc de changer de cap et de nous diriger vers Calais afin d’y passer la nuit.

19h00 - On arrive au port de Calais

Nous qui avons commencé la journée sous un grand ciel bleu, nous passons la seconde partie de journée sous une pluie incessante. Investir dans des vêtements de quart avant notre départ a été la meilleure idée de l’année ! Nous arrivons à Calais à 19h et nous nous amarrons à une bouée face à l’entrée du port pour y passer la nuit. Les entrées et sorties du port sont régies par les horaires de la pleine mer. Nous comptons partir vers 8h le lendemain matin, et ça n’est pas possible de sortir du port si tôt vu les horaires de marées ce jour-là. La bouée est donc la meilleure option. C’est d’ailleurs la première fois qu’on est à une bouée plutôt qu’à un ponton, et on est assez fiers de l’avoir attrapée rapidement. Le Fish and Chips tant attendu est encore loin, mais nous retenterons la traversée de la Manche demain.

- Amarrage à une bouée pour la nuit
- 9h de navigation
- 30 milles nautiques parcourus
- Vitesse moyenne de 3.3 noeuds

Les ferries devant Calais

Calais - Ramsgate : Traverser la Manche en voilier en 7h

8h20 - On quitte notre bouée au port de Calais

Après une bonne nuit de sommeil, nous sommes remis des émotions de la veille et prêts pour une nouvelle tentative de traverser la Manche sur notre voilier Kerguelen. Nous quittons notre bouée vers 8h20 et nous nous mettons en route vers la sortie du port de Calais. S’agissant d’un des endroits où la distance entre la France et le Royaume-Uni est la plus courte, le nombre de ferries parcourant les 38 km entre Calais et Douvres est impressionnant. Les feux à la sortie du port sont d’ailleurs rouges pour permettre à un ferry une sortie de port dégagée, et nous attendons l’autorisation de la vigie du port pour sortir.

On croise des ferries devant Calais

8h55 - On fait cap vers Ramsgate

Devant Calais, le trafic est intense et nous restons à distance des ferries. On se tient le plus à droite possible du chenal balisé devant le port. On ne doit en aucun cas gêner le trafic commercial évidemment, mais c’est surtout parce que nous ne sommes jamais très à l’aise quand on « croise » leur route. Ce sentiment d’être minuscule à côté est très particulier.

Le ciel est dégagé, et la journée s’annonce bonne. Très rapidement, nous atteignons la bouée CA4. Il est temps pour nous de laisser le port de Calais derrière nous et de faire cap vers l’Angleterre.

9h15 - On sort les voiles et on éteint le moteur

- Cap au 334
- 18 à 20 noeuds de vent de travers
- Mer formée avec une houle de bâbord
- Vitesse de 5 noeuds

Moins d’une heure après avoir largué les amarres, on hisse la grand-voile, on sort le solent, on éteint le moteur, et on sourit. Le bruit du vent dans les voiles, le clapotis de l’eau sur la coque, et puis… juste le silence, cela génère immanquablement une sensation unique. L’impression de vivre un moment privilégié. Parce que c’est toujours un peu magique de parvenir à se déplacer grâce au vent.

Et aujourd’hui, les conditions sont idéales : un vent oscillant entre 18 et 20 noeuds (soit 33-37 km/h) et venant de travers par rapport à Kerguelen, une mer formée mais confortable, un courant insignifiant, et un paysage qui ravive un tas de souvenirs d’enfance.

En nous éloignant du port de Calais, la vue sur les côtes françaises est magnifique. Les falaises escarpées du Cap Blanc Nez se dressent majestueusement devant nous. Etant enfants, nous venions nous balader et passer l’après-midi ici. Et c’est si particulier de voir le Cap Blanc Nez depuis la mer pour la première fois ! C’est d’ailleurs probablement à ce moment que nous réalisons ce que nous sommes en train de faire : en fin de journée, nous serons dans un autre pays, et nous n’aurons pas pris la voiture, le train ou même l’avion. Nous sommes en train de traverser la Manche à bord de notre voilier, notre maison. Et cette idée nous remplit d’un sentiment de gratitude et de satisfaction.

Alors oui, la température est un peu fraîche et nous sommes bien contents d’avoir nos vestes de quart sur le dos. Mais on ne déciderait d’être ailleurs pour rien au monde.

Les voiles de Kerguelen

13h10 - On ralentit significativement

- Cap au 290
- 7 à 10 noeuds de vent de travers
- 2 noeuds de courant dans le nez
- Vitesse de 3 noeuds

La navigation se passe sans encombre pour le moment. Nous ajustons à peine le cap et les voiles de temps en temps. Et même notre traversée des dispositifs de séparation du trafic se passe à merveille sans aucun coup de pression.

Seul ombre au tableau : le vent faiblit de plus en plus. Les 18-20 noeuds soutenus n’auront duré que deux petites heures. Depuis 11h ce matin, le vent se calme progressivement, et descend jusqu’à 7 noeuds (+/- 13 km/h) peu de temps après 13h. Nous avançons évidemment moins vite, et un courant de 2 noeuds presque dans le nez nous ralentit encore plus. En moyenne, nous progressons à une vitesse de 3 noeuds. Nous ne sommes pas pressés, même si nous souhaitons arriver à Ramsgate avant la nuit.

Nous continuons d’ailleurs à ce rythme une heure environ.

Jérémy, au milieu de la traversée de La Manche

14h00 - On craque et on allume le moteur

- Cap au 252
- Presque plus de vent
- 2 noeuds de courant dans le nez
- Allumage du moteur

Malheureusement, le vent ne fait que faiblir. Vers 14h, nous décidons d’allumer le moteur en gardant nos voiles, mais nous nous rendons rapidement compte qu’elles risquent plus de s’abîmer que de nous faire avancer plus vite. Nous affalons donc la grand-voile et enroulons le solent au moment où nous approchons des gardes côtiers anglais et de leur bateau militaire.

On aurait préféré traverser la Manche uniquement grâce au vent, mais c’est ça aussi d’être dépendants des éléments. Il faut adapter son programme et sa navigation en cours de route selon les conditions météo.

15h40 - On arrive au port de Ramsgate, Angleterre

Bon, il est en réalité 14h40 en Angleterre au moment où nous amarrons Kerguelen au ponton. Mais ça y est, nous sommes arrivés ! Nous avons traversé la Manche en voilier. En arrivant à quai, toute la pression redescend d’un coup, et même si nous n’avons mis « que » sept heures, nous sommes épuisés. Mais nous sommes surtout contents et fiers en réalisant ce que nous venons de faire.

Car quand on y pense, nous arrivons dans un pays sans avoir pris la voiture, le train ou même l’avion, avec notre maison et toutes nos affaires. Nous arrivons dans un port qui nous est inconnu sans encombre. Nous n’avons eu aucune casse pendant la traversée ou lors de l’arrivée. Il y a eu un vomi mais la majorité de la navigation a été agréable. Bref… Cela peut paraître anodin mais pour nous, ça marque le début de quelque chose de nouveau. Nous nous lançons enfin dans l’aventure alors que nous construisons ce projet depuis deux ans.

Kerguelen au milieu de La Manche

- Amarrage au ponton pour la nuit
- 7h de navigation
- 30.5 milles nautiques parcourus
- Vitesse moyenne de 4.4 noeuds

Après avoir amarré le voilier, nous nous dirigeons vers le bureau du port. Puisque nous sommes en Angleterre, nous nous attendons à un contrôle d’identité, des questions précises sur ce que nous transportons à bord, et une vérification approfondie des papiers de Kerguelen. En bons élèves, nous nous présentons donc avec notre petite pochette remplie de documents au bureau du port.

Finalement, après avoir complété un simple formulaire reprenant les informations basiques de notre voilier telles que le nom, la longueur, la largeur et le port d’attache, nous payons notre place pour la nuit, et nous repartons avec le code pour les douches. Aucun contrôle d’identité. Aucune question sur de potentiels migrants à bord. Aucun contrôle à bord ou sur les pontons. Et Monsieur Chat aurait carrément pu faire partie du voyage.

Nous ne passons qu’une nuit au port de Ramsgate. Après une douche rapide, nous décidons donc de nous balader le long du front de mer et de manger un Fish and Chips. Parce que mince, on est en Angleterre après tout, et on l’a bien mérité !

Où et comment traverser la Manche en voilier au départ de Dunkerque

Si vous n’avez jamais fait de bateau ou regardé une carte marine, vous pensez peut-être qu’au-delà des bouées limitant la zone de baignade le long des côtes françaises, le fond de mer est profond et constant jusqu’aux côtes anglaises, où la profondeur diminue ensuite progressivement jusqu’à la plage. C’est du moins ce que nous pensions avant de nous intéresser à la navigation. Traverser la Manche paraît donc simple : tu sors du port en France, tu fais une ligne droite, tu arrives au port en Angleterre.

Presque. Mais non.

Dunkerque est un terrain de jeu intéressant pour quiconque apprend à naviguer. Entre le courant, les marées, les bancs de sable, les épaves, les zones de pêche, le trafic des cargos, … La préparation et la vigilance sont de mise pour toute sortie en mer. Et pour traverser la Manche de Dunkerque vers l’Angleterre, il faut évidemment éviter les bancs de sable en plus des contraintes et préparations classiques d’une navigation en voilier.

Bancs de sable devant Dunkerque

Au départ de Dunkerque, il est assez commun de viser Ramsgate comme point de chute. Mais comme mentionné précédemment, impossible de tracer une ligne droite une fois arrivés au feu de Saint-Pol qui marque la sortie du port. Dans un premier temps, il est nécessaire de se diriger vers le sud-ouest (cap au 267°) et de longer la côte en restant dans le chenal de navigation. Vous aurez ainsi le banc de sable « Braek » à tribord et le banc de Saint-Pol à bâbord.

Lorsque la marée est descendante, nous vous conseillons de garder ce cap jusque devant le Port Ouest de Dunkerque (à hauteur des bouées DW16 et DW17) voire même jusque Gravelines selon les conditions de courant et de vent (à hauteur de la bouée DW9). Vous longerez ainsi le banc de sable du « Snouw » à tribord. Avant de changer de cap vers l’Angleterre, veillez également à éviter les quelques points culminants de la zone de haut-fond de Gravelines.

Lorsque la marée est montante, vous pouvez considérer raccourcir légèrement votre route. Après avoir longé le banc de sable « Braek », et en dépassant la bouée DW28, vous ajustez votre cap vers l’Angleterre (au 300°) afin de passer entre le banc « Braek » à tribord et le banc du « Snouw » à bâbord. Si vous choisissez cette option, nous vous conseillons de rester extrêmement vigilant car il ne s’agit pas des derniers bancs de sable que vous rencontrerez. Assez rapidement, vous vous approcherez du banc « Breedt » puis du « In-Ratel » et enfin du « Dyck Central ».

Quelle que soit l’option sélectionnée, vous trouverez également des bancs de sable à plus de six milles nautiques de la côte et juste avant les fameux dispositifs de séparation de trafic.

Dispositifs de séparation de trafic en Manche

Les dispositifs de séparation de trafic, qu’est-ce que c’est ? On pourrait les comparer à l’autoroute des mers, où les règles de navigation sont connues de tous. Ils sont établis dans des zones où le trafic maritime est dense et où différents flux importants de navires se croisent, et ce afin de réduire les risques de collision.

Et vous le savez peut-être, la Manche (la mer, pas le département) a un trafic très dense. Entre les ferries qui relient la France à l’Angleterre, les navires commerciaux transitant entre l’océan Atlantique et la Mer du Nord, les bateaux de pêche et les plaisanciers, près de 20% du trafic maritime mondial se retrouve dans la Manche. Il était donc nécessaire d’organiser tout ça et la Manche a vu le premier dispositif de séparation de trafic au monde naître en 1967. Aujourd’hui, on compte un grand nombre de ces dispositifs à des endroits stratégiques.

En tant que plaisanciers, il est obligatoire de croiser les dispositifs de séparation de trafic au plus court, c’est-à-dire en le coupant avec un angle de 90°, sans gêner ou ralentir le trafic maritime marchand. Selon la densité du trafic à l’approche, le croisement d’un dispositif peut donc prendre plus ou moins de temps et générer plus ou moins de stress.

Bancs de sable devant Ramsgate

Dunkerque n’a évidemment pas le monopole des bancs de sable. Face à l’entrée du port de Ramsgate, vous trouverez le banc de sable « Goodwin » qui s’étend sur plus de six milles nautiques (11 km). Le plus simple est probablement de viser la bouée verte « Goodwin Knoll » puis la bouée rouge « East Brake » avant d’atteindre le chenal long de plus de deux milles nautiques et menant à l’entrée du port de Ramsgate. Pour info, les bateaux de plaisance sont supposés longer le chenal au sud des bouées rouges afin de ne pas gêner le trafic des ferries et bateaux commerciaux.

Attendre la bonne fenêtre météo pour traverser la Manche

Alors évidemment, c’est plus agréable de naviguer lorsque le soleil brille et que le ciel est dégagé. Mais je dois dire que nous n’avons absolument pas regardé la météo classique pour décider de notre départ. Par contre, un certain temps avant le départ, nous avions le même rituel chaque matin : un coup d’œil à la météo marine afin de voir à quoi ressemble le vent aujourd’hui et les prévisions pour les prochains jours. Nous regardions donc trois informations : la vitesse du vent, sa direction et l’évolution au cours de la journée. Pour ce faire, nous utilisions principalement l’application Windy et les bulletins côtiers de Météo France.

Pour traverser la Manche, nous souhaitions avoir suffisamment de vent pour avancer (au minimum 10 nœuds, soit 18 km/h) sans qu’il ne soit trop fort. Nous comptions d’ailleurs partir depuis près de deux semaines, mais les vents étaient trop puissants : plus de 35 noeuds soutenus, c’est-à-dire environ 65 km/h en continu. Devant également faire cap au sud ouest dans un premier temps pour éviter les bancs de sable, nous ne souhaitions pas devoir lutter contre un vent de face sur cette portion. Finalement, une bonne fenêtre météo s’est dégagée la semaine du 12 août. C’était donc le moment de se lancer !

Evidemment, nous nous sommes également intéressés aux marées et au courant afin d’adapter nos plans de navigation. Une marée montante permet d’avoir plus d’eau sous la quille que ce que les cartes indiquent, facilitant peut-être le passage de certaines zones. Et le courant peut nous permettre de gagner quelque peu en vitesse. Néanmoins, lorsqu’on navigue dans la même zone toute la journée, on sait qu’on subira le courant (il y a forcément la renverse qui arrive un jour ou l’autre) et qu’il nous ralentira plus qu’il ne nous aidera à un moment de la journée. Le tout est donc de « choisir son moment » et d’adapter sa route en conséquence.

Traverser la Manche en voilier et emmener son chat en Angleterre

Si comme nous, vous êtes propriétaire d’un félin (mais c’est également valable pour un chien), sachez que vous devrez trouver quelqu’un qui acceptera de vous le garder le temps de votre navigation au Royaume-Uni. S’il est tout à fait possible d’amener son animal via les moyens de transports classiques (ferry, Eurotunnel, …), il est formellement interdit de l’amener à bord de son propre bateau (et c’est peut-être le cas pour son propre avion – si vous avez les moyens d’avoir le vôtre).

Vous trouverez plus d’informations sur toutes les règles en vigueur et les compagnies de transport approuvées sur le site du gouvernement anglais.

Vous vous doutez bien que nous étions extrêmement déçus de ne pas emmener Monsieur Chat dans notre premier vrai périple en voilier. Lui avait plutôt l’air soulagé de ne pas prendre la mer et de passer du temps avec ses cousins les chats chez ma sœur.

Derniers préparatifs avant le départ

S’agissant de notre premier voyage de plusieurs semaines, nous avions fait suffisamment de courses pour nous nourrir pendant plus de deux semaines. Est-ce qu’on redoutait de ne pas trouver de lieu où s’approvisionner en Angleterre ? Pas du tout. Je pense simplement qu’on considérait le voyage dans son ensemble et qu’on souhaitait anticiper au maximum. Note pour plus tard : c’est une fausse bonne idée. Alors oui, c’est super de ne pas devoir penser aux courses pendant un certain temps. Mais soyons réalistes : une fois en Angleterre, il y avait plein de choses qui nous donnaient envie et qu’on n’a pas achetées sous prétexte qu’on avait déjà des aliments proches de la date de péremption.

Pour éviter les taux de change désavantageux et les commissions à payer à la banque pour chaque opération à l'étranger, nous avons une carte Revolut qui est, selon nous, la solution idéale en voyage. Nous l'avons donc tout naturellement utilisée lors de notre périple en Angleterre.

Nous avons aussi décidé de nous équiper en vestes et pantalons de quart avant le départ. Après avoir fait de nombreux comparatifs, nous avons finalement opté pour les modèles de la gamme Offshore 900 de Décathlon. Ils étaient les mieux notés de la catégorie « prix inférieur à 300€ / pièce » dans plusieurs comparatifs et l’essayage en magasin nous a convaincus. Je dois dire que nous avons longuement hésité avant de nous équiper de la sorte puisque nous avions déjà chacun un coupe-vent et un sur-pantalon imperméables d’entrée de gamme qui faisaient jusqu’à présent très bien leur boulot. Nous pensions que nous n’utiliserions pas beaucoup de vrais vêtements de quart et que ce serait bien dommage vu les prix pratiqués. Mais finalement, notre périple nous prouvera que ce nouvel équipement a définitivement été l’un de nos meilleurs investissements de l’année.

Sans entrer dans les détails inintéressants, nous avons également pris la peine de faire nos lessives ainsi que le plein de carburant avant le départ. Seule une chose manque à l’appel : notre nouvelle grand-voile. Elle arrivera finalement à Dunkerque le jour de notre départ, et nous attendra cinq semaines à la capitainerie.

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6 réponses

  1. Congrats ! Impatient de lire la suite 🙂 notamment sur le changement de programme, felicitations pour cette grosse premiere etape ! PS : le flux RSS n a pas marché pour cet article.

    1. Merci Denis. Je dois dire qu’on n’est pas peu fiers de cette traversée et de la manière dont on a géré les évènements.

      Pour le moment, nous sommes au chaud le temps que l’hiver passe. Nous retournerons à bord en avril pour finir de préparer le bateau avant le départ. Ça approche !

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Nous sommes Gaëlle et Jérémy, un couple de trentenaires et nous avons tout quitté pour vivre à temps plein sur notre voilier Kerguelen.

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