La nouvelle année est souvent synonyme de bonnes résolutions, mais nous n’avons jamais été du genre à en prendre. Nous sommes convaincus que, lorsqu’on veut réellement insuffler un changement dans notre vie, il n’est pas nécessaire d’attendre le premier jour de l’année. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous avons débuté il y a plus de six mois une transition écologique pour une consommation et un style de vie plus éco-responsables. Les questions du zéro déchet et de l’environnement sont au cœur de beaucoup de débats. Mais lorsque ta maison flotte sur l’eau et que tu te déplaces grâce aux forces de la nature, elles prennent une toute autre dimension.
Une prise de conscience toute en contradictions
Pendant longtemps, nous ne nous sommes pas réellement rendus compte de l’impact de notre vie quotidienne à plus grande échelle. Lorsqu’on achetait une bouteille d’eau, on ne se rendait pas compte qu’elle se retrouverait très probablement dans les eaux de l’autre côté de la planète. Lorsque nous achetions du Nutella ou d’autres produits, on ne se questionnait pas sur notre participation à la production massive d’huile de palme. Nous achetions des tomates en hiver. Nous faisions une bonne partie de nos achats en ligne. Nous mangions de la viande à tous les repas ou presque. C’était « normal ». Et ce ne sont évidemment que quelques exemples de cette « normalité ».
Grâce aux voyages réalisés ces neuf dernières années, nous avons progressivement développé une aversion à la société de surconsommation et une vraie conscience de la pollution. Alors bien sûr, nous étions contents de retrouver le confort de notre canapé et de notre douche en rentrant de voyage. Mais cette satisfaction était de courte durée. Finalement, on vibrait vraiment lorsqu’on ne vivait qu’avec ce qu’on avait emporté dans notre sac à dos. On se recentrait sur l’essentiel, on profitait bien plus des petits plaisirs et on était plus dans le moment présent.
Mais ça nous paraissait difficile voire parfois impossible de concilier nos idéaux de transition écologique avec notre vie métro-boulot-dodo ultra speed. Et c’est d’autant plus vrai pour les trois dernières années passées au sein de nos entreprises : Jérémy habitait Paris et moi Lille, je faisais 2h de voiture chaque jour sauf quand je voyageais pour le boulot (soit 40% du temps), on faisait des allers-retours Lille/Paris chaque semaine, … J’avoue avoir cherché l’efficacité et la rapidité dans tout ce que je faisais. Et ça signifiait évidemment « faire l’autruche » très souvent. Car il est plus rapide et simple d’acheter des produits tout prêts ou presque plutôt que d’aller au marché pour cuisiner les repas de la semaine. C’est aussi plus simple de prendre sa voiture chaque jour que de prendre 2 trains + 1 bus + 1 covoiturage pour aller au boulot. Et c’est carrément plus rapide de prendre l’avion pour partir en Europe ou ailleurs.
L'électrochoc
Finalement, même si les voyages nous ont ouvert les yeux, nous n’avions jamais franchi le pas de modifier nos habitudes. C’est lorsque nous avons commencé à vider nos apparts pour emménager à bord de Kerguelen que nous avons pris une vraie claque. Comment est-ce possible d’accumuler autant de choses dans des espaces pourtant pas hyper grands? Pourquoi est-ce qu’on redécouvre certaines choses dont on avait complètement oublié l’existence et qu’on n’a évidemment plus utilisé depuis des lustres? On a même retrouvé certaines choses encore dans leur emballage d’origine… jamais ouvert. Quel gâchis !
On n’a pourtant jamais estimé être de gros consommateurs ou jeter notre argent par les fenêtres. Et en emménageant et en voyageant à bord d’un voilier, nous avons fait le choix d’avoir un style de vie minimaliste, respectueux de l’environnement, et responsable. Mais force est de constater que c’est finalement très éloigné du style de vie que nous avions jusqu’à présent. Le constat était douloureux et cette prise de conscience a a été très dure à vivre.
Notre transition écologique
Nous vous parlions de notre envie de revenir à l’essentiel, de changement de style de vie et de notre démarche écologique lorsque nous vous annoncions notre projet de tour du monde en voilier. Mais si nous nous montrons honnêtes, nous n’avions rien fait depuis. Alors oui, nous avons notre voilier et nous ne prenons plus l’avion. Mais c’était à peu près tout. Emménager à bord de Kerguelen a cependant marqué le début de notre transition écologique.
Le premier aspect de notre transition écologique a été le minimalisme. Nous n’avions d’ailleurs pas le choix car, vu l’espace restreint sur le voilier, il était nécessaire de n’emporter que l’essentiel. Mais même là, le choix a été difficile. De quoi aurons-nous vraiment besoin à bord ? Nous n’en avions aucune idée… Nous avons donc embarqué quantité de choses… Et après quelques semaines à bord, nous avons fait une nouvelle sélection et on s’est débarrassés de ce dont on pensait avoir besoin mais qui s’est avéré superflu. Aujourd’hui, nous n’avons par exemple que deux semaines de vêtements, et nous nous en sortons très bien.
Un second point s’est opéré naturellement suite à notre emménagement. Notre alimentation a en effet énormément évolué depuis le mois de mai, et en positif, rendant ce pan de notre transition écologique très agréable. Nous avons par exemple réduit notre consommation de viande, même si nous pouvons très certainement faire encore mieux. Et nous cuisinons maintenant des produits de saison achetés au marché chaque semaine, ce qui n’arrivait jamais lorsque nous travaillions. Ne pas avoir de congélateur, de four et de micro-ondes à bord a évidemment accéléré cette transition, mais nous ne le regrettons pas. Nous y prenons même plaisir, bien que nous ayons encore quelques plaisirs coupables (coup d’œil vers Jérémy : « les Kinder Délice, c’est délicieux »).
Evidemment, d’autres habitudes considérées jusqu’alors comme « normales » sont plus dures à perdre. Mais nous prenons le temps de les questionner, de rechercher des alternatives, et de nous lancer. Par exemple, nous portons un regard critique sur nos poubelles. Même si nous avons déjà remplacé les cotons-tiges, les sacs et les bouteilles en plastique par leurs alternatives durables, nos poubelles se remplissent vite. On y trouve surtout des emballages alimentaires lorsque nous allons au supermarché plutôt qu’au marché local, des emballages plastiques de cosmétiques, et du Sopalin à toutes les sauces.
Il est temps de changer ça. Nous profitons donc de l’hiver pour nous lancer dans différents projets « tests » qui, à terme, nous permettront de pousser notre transition écologique encore un pas plus loin. Nous aurions évidemment pu nous lancer dans cette aventure lorsque nous vivions « à terre », dans nos apparts. Mais il vaut mieux tard que jamais n’est-ce pas ?
Nous nous rendons cependant compte que changer nos habitudes de vie à bord est probablement la partie la plus simple de notre transition écologique. Avoir une approche la plus éco-responsable possible lors de nos travaux à bord est également un point important pour nous. Nous vous en parlions par exemple lorsque nous avons posé sur Kerguelen le Finsulate, un antifouling écologique et sans biocide. Mais cela reste néanmoins plus complexe de trouver des alternatives écologiques et efficaces.
Partage et ressources utiles
Vous l’aurez compris, et même si nous sommes résolus à nous améliorer, nous partons de très loin et nous sommes loin d’être parfaits. Mais nous prenons enfin le temps de nous lancer ! Pendant très longtemps, nous voulions changer nos habitudes et initier une transition écologique, mais nous nous sentions perdus face à la masse d’informations et d’opinions plus ou moins contradictoires et nous ne savions pas par quel bout attaquer la chose.
Nous ne sommes d’ailleurs probablement pas les seuls à avoir ce sentiment.
Dans un esprit de partage et d’échange, nous lançons une nouvelle section sur le blog afin de discuter avec vous des petits ou grands gestes qu’on intègre peu à peu dans notre quotidien. Nous mettrons également cet article à jour avec nos astuces testées et approuvées ainsi que des tutos pour faciliter votre transition écologique. Nous sommes bien conscients que ça pourrait intéresser et pourquoi pas motiver certains d’entre vous à commencer quelque part.
Loin de nous l’idée de jeter la pierre à qui que ce soit évidemment. Mais même si une transition écologique serait nécessaire aux niveaux systémique et économique, il n’y a pas de petits gestes quand on est plusieurs millions à le faire.
3 réponses
Je suis ravie que nous partagions les mêmes préoccupations!
Joli article, qui ne culpabilise personne et nous met tous sur un même pied d’égalité (pas facile de ne pas être donneur de leçons en parlant de ces sujets).
De jolis débats en perspective! A bientôt à DK city! 🙂
Merci Pauline ! Comment ça va vous ? C’est un peu le bordel avec le Coronavirus quand même 🙁